Fabrice Duparc, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier
UFR Santé et CHU de Rouen
"Ambroise Paré écrivait en son temps « L’anatomie, fondement de toute médecine ». La connaissance du corps humain est indispensable pour aborder sa physiologie, en comprendre les pathologies, et bien entendu pour le soigner."
- Présentez-vous ! Quel est votre rôle au sein de l’université de Rouen Normandie ?
Je suis Professeur des Universités en anatomie et Praticien Hospitalier en chirurgie orthopédique et traumatologique.
À l’URN, je suis responsable du laboratoire d’anatomie, et donc engagé dans l’enseignement de cette discipline et les activités de recherche. Au CHU, j’exerce dans le domaine spécialisé de la chirurgie de l’épaule et du coude. À l’intersection de l’étude de l’anatomie du mouvement et de la pathologie du geste sportif, j’ai été pendant 21 ans responsable de l’enseignement de la médecine et de la traumatologie du sport.
Je suis par ailleurs rédacteur en chef du journal Surgical and Radiologic Anatomy (SpringerNature), revue internationale d’anatomie clinique.
- Sur quoi portent vos recherches ?
Ma discipline clinique m’oriente plus spécialement vers les thématiques d’anatomie et de pathologies de l’appareil locomoteur, et plus précisément en rapport avec l’épaule et le coude. Mais le laboratoire d’anatomie accueille 17 disciplines cliniques qui viennent y travailler, et ceci explique la large étendue des sujets de recherches, auxquelles il faut associer les disciplines paramédicales qui peuvent conduire à des mémoires de recherche.
Une part importante de travaux concerne, de manière plus récente, les recherches en pédagogie médicale et sur l’enseignement de l’anatomie, du début des études de santé jusqu’à la formation professionnelle continue.
- Vous êtes spécialiste de l’anatomie. Mais l’anatomie, qu’est-ce que c’est exactement ? De manière plus naïve, est-ce que l’anatomie n’est pas la base absolue de toute forme de médecine, cardiologie, médecine générale, radiologie, traumatologie… ?
Cela n’est pas naïf du tout. Ambroise Paré écrivait en son temps « L’anatomie, fondement de toute médecine ». La connaissance du corps humain est indispensable pour aborder sa physiologie, en comprendre les pathologies, et bien entendu pour le soigner. L’imagerie médicale est la représentation de l’anatomie, normale ou pathologique, et les progrès constants sont des moteurs de recherche anatomique à travers de nouvelles images. L’interdisciplinarité évoquée précédemment est une grande richesse de l’anatomie.
- Comment arrivez-vous à combiner le travail de recherche, celui de formation et celui de pratique hospitalière ?
Difficilement, et de plus en plus. La résistance finit par trouver des limites, mais la principale est le manque de temps. C’est toute la difficulté du statut de Praticien-Enseignant-Chercheur. La remise en question et l’évaluation permanentes de l’activité de soins, de l’activité d’enseignement et de la docimologie, et de la connaissance en anatomie fondamentale et appliquée, sont de puissants moteurs d’activité et de projets. Mais comme l’avait dit l’un de mes maîtres lors de sa cessation d’activités : « Je ne vieillis pas, mes étudiants ont toujours le même âge… »
- En plus de cela, vous encadrez prochainement les ateliers de dessins anatomiques dans le cadre de l’exposition « le corps en mouvement » organisée par le Service commun de documentation. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est encore un projet passionnant, avec Clovis Gentes, ancien élève et à présent médecin généraliste et artiste peintre et sculpteur. Nous avions organisé le premier cours en 2023, sur le thème de la main, et de sa représentation dans l’art. Nous avions fait le constat que l’authenticité anatomique était plus marquée lorsque la main était en action, dans un tableau (en prônant, en désignant, en expliquant), alors que la représentation de la main « inerte » n’était pas toujours anatomiquement exacte. C’est ce constat qui nous a conduits à envisager cette année la représentation artistique du mouvement, qui concerne l’anatomie fonctionnelle que nous enseignons et un travail très particulier de l’artiste. Nous nous rejoignons à nouveau à travers ces passions communes de la connaissance du corps humain et de sa représentation artistique, et nous souhaitons encore partager ces passions.