Fermer le menu

Rencontre avec une enseignante-chercheuse de l'Université

Diane Bedoin, Professeure des Universités en Sciences du langage

UFR Lettres et sciences humaines - laboratoire DYLIS

"Je suis désormais responsable de la formation des interprètes langue des signes française-français. Mon parcours est donc marqué par une ouverture sur l’interdisciplinarité et une volonté constante de tisser du lien entre enseignement et recherche."

  • Présentez-vous ! Quel est votre rôle au sein de l’Université ?

Mon parcours scientifique débute par une formation initiale en sociologie et l’obtention de l’agrégation de sciences économiques et sociales (SES). Il se poursuit par la préparation et la soutenance de mon doctorat en sciences de l’éducation en 2010 à l’université Paris Descartes et mon recrutement comme Maîtresse de conférences en 2011 à l’université de Rouen au sein de l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM), devenu École Supérieure du Professorat et de l’Éducation (ÉSPÉ) puis Institut Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPÉ). J’ai été notamment en charge de la formation des enseignants spécialisés. Depuis 2021, je suis devenue Professeure au département des Sciences du langage, rattaché à l’UFR Lettres et Sciences Humaines (LSH). Je suis désormais responsable de la formation des interprètes langue des signes française-français. Mon parcours est donc marqué par une ouverture sur l’interdisciplinarité et une volonté constante de tisser du lien entre enseignement et recherche.

 

  • Quelles sont vos thématiques de recherche ?

Membre du laboratoire Dynamique du langage in Situ (DYLIS-UR 7474), mes travaux de recherche portent sur les problématiques de surdité, de handicap et d’inclusion. Je travaille plus précisément sur les enjeux identitaires et sociaux dans le contexte de la surdité et de la Langue des Signes Française (LSF) et sur les parcours d’inclusion scolaire des jeunes enfants en situation de handicap (dont les élèves porteurs de surdité et de troubles du spectre autistique). Je suis notamment responsable pour l’université de Rouen Normandie du projet financé par l’Agence Nationale de la recherche (ANR), intitulé DINLANG (2021-2025) portant sur les pratiques langagières multimodales (français et LSF) dans les dîners familiaux. J’ai publié de nombreux articles et ouvrages scientifiques sur ces thématiques, notamment l’ouvrage Sociologie du monde des sourds, paru aux éditions La Découverte en 2018.

 

  • Vous êtes également enseignante et notamment responsable pédagogique de plusieurs formations en lien avec la Langue des signes française. Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la LSF ?

Le cheminement qui m’a amenée à m’intéresser au monde des sourds et à la langue des signes est difficile à retracer. Dans mon cas, l’explication de type biographique n’est pas pertinente, étant entendante et n’ayant aucune personne sourde signante dans mon entourage direct. La découverte puis l’apprentissage de la Langue des Signes Française (LSF), initié pendant mes années au lycée et poursuivi durant mes études supérieures, a d’abord servi de déclencheur. Lors de mes premiers travaux universitaires, la rencontre avec le sociologue Bernard Mottez, pionnier dans les travaux sur la surdité en France a ensuite été décisive dans ma volonté d’inscrire mon parcours professionnel dans ce champ. Mon expérience d’un an en tant qu’enseignante d’anglais auprès de collégiens sourds, dans le cadre de mon travail de thèse, a enfin conforté ce choix. J’ai saisi l’opportunité de mettre à profit à la fois ma formation d’enseignante et mon expérience de chercheure au service de la sociolinguistique de la LSF.

 

  • À l’occasion de la journée internationale des langues des signes, vos étudiants nous invitent à une journée de sensibilisation à la LSF le jeudi 19 septembre 2024. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quelle est l’importance de cette journée ?

La Journée internationale des langues des signes (23 septembre 2024) et la Journée mondiale des sourds (28 septembre 2024) sont autant d’occasions de favoriser, promouvoir et reconnaître les langues des signes comme des langues à part entière et les sourds comme membres d’une communauté linguistique et culturelle spécifique. C’est pourquoi, à l’université de Rouen Normandie, une journée de sensibilisation à la langue des signes française est organisée au mois de septembre. Cette année, elle se déroulera 19 septembre dans le hall devant l’amphi Axelrad (bâtiment 3). Les étudiants inscrits en Licence 3 Sciences du langage parcours LSF ont préparé, avec beaucoup d’enthousiasme, des jeux, des ateliers, des expositions, des ressources documentaires à proposer. L’événement est ouvert à tous et à toutes, personnels comme étudiants. Vous êtes curieux ? Soyez les bienvenu.e.s.

 

  • L’Université a ouvert récemment un DU LSF en formation continue dont vous êtes responsable. Comment avez-vous construit cette formation auprès d’un public de salariés ?

Le Diplôme Universitaire Langue des Signes Française (DU LSF) vise à acquérir des compétences linguistiques en LSF (niveaux A1.1 et A1.2 dans le référentiel des langues) mais aussi culturelles en lien avec l’histoire et la culture sourde. L’objectif est de permettre de favoriser des interactions et des pratiques adaptées aux besoins d’un public sourd signeur en contexte professionnel. Avec l’ouverture du DU LSF dans le cadre de la formation continue, il s’agit de s’adresser à des professionnels de la surdité déjà en poste ou à de futurs professionnels travaillant et/ou souhaitant travailler auprès d’un public sourd. Il se déroule sur une année universitaire avec 120 heures de formation dont la partie théorique à distance et la partie pratique en présence pour correspondre au mieux aux attentes et aux disponibilités de ce type de public.

 

  • Ce DU n’est pas la seule formation qui intègre la langue des signes. Pouvez-vous évoquer les autres ? Pourquoi est-ce important de porter ce sujet au niveau des formations ?

Plusieurs formations en lien avec la langue des signes française sont effectivement proposées à l’université de Rouen Normandie. Elle a d’ailleurs été l’une de pionnières avec la création d’une filière de formation et de recherche en LSF dès les années 1990 et d’un Master Interprétariat à partir de 2006. En complément du DU LSF en formation continue, nous accueillons, en formation initiale, des étudiants en Licence Sciences du langage avec une option LSF dès la L1 puis un parcours LSF en L2 et en L3. La troisième année de licence SDL parcours LSF est accessible en présentiel mais aussi en distanciel. Enfin, un Master mention Sciences du langage, parcours Interprétariat langue des signes française / français (ILS) est également ouvert aux étudiants se destinant au métier d’interprète. Il fait partie des cinq formations d’interprètes qui existent en France et bénéficie d’un taux d’insertion professionnelle de 100% à l’issue de l’obtention du Master et de diplôme d’interprète professionnel. Je tiens à remercier l’équipe LSF avec laquelle je travaille.

Journée de sensibilisation à la langue des signes française

Jeudi 19 septembre, de 9h à 16h à l’université de Rouen Normandie, campus de Mont-Saint-Aignan dans le hall devant l’amphi Axelrad (bâtiment 3).

Les étudiants de Sciences du langage, parcours Langue des signes française (LSF), ont préparé avec beaucoup d’enthousiasme des jeux, des ateliers, des expositions, des ressources documentaires à vous proposer.