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Rencontre avec une enseignante-chercheuse de l'Université

Audrey Gozillon, maitresse de conférences

UFR STAPS, laboratoire CETAPS

"Je tente de comprendre pourquoi, malgré un plan de féminisation impulsé en 2011 par la Fédération Française de Football (FFF), le taux de femmes engagées dans la pratique peine encore à dépasser les 8%."

  • Présentez-vous ! Quel est votre rôle au sein de l’université de Rouen Normandie ?

Je m’appelle Audrey Gozillon et je suis maîtresse de conférences à l’UFR Staps de l’université de Rouen Normandie depuis septembre 2022. Avant de rejoindre mes nouveaux collègues au sein du laboratoire CETAPS (UR 3832), j’ai passé cinq ans à l’UFR Staps de l’université d’Artois où j’ai soutenu ma thèse en novembre 2021.

 

  • Qui dit enseignante-chercheuse dit à la fois formation et recherche. Au niveau de la formation, qu’enseignez-vous à vos étudiants ?

Au sein de mon UFR, si je dispense principalement des cours en sociologie du sport, je suis également co-responsable, aux côtés de ma collègue Nadine Dermit-Richard, du Master 1 Management du Sport. Dans ce parcours, j’assure plusieurs enseignements tels que la méthodologie quantitative, la méthodologie d’enquête ou encore le suivi des mémoires de recherche.

 

  • En termes de recherche, vous êtes spécialiste du football féminin. Sur quoi portent vos travaux exactement ?

Mes travaux de recherche portent sur le développement du football des femmes en France. Plus précisément, je tente de comprendre pourquoi, malgré un plan de féminisation impulsé en 2011 par la Fédération Française de Football (FFF), le taux de femmes engagées dans la pratique peine encore à dépasser les 8%. Si aujourd’hui je poursuis les recherches engagées, mon travail de doctorat m’a déjà autorisé à identifier des premiers éléments de réponse. Premièrement, par le biais de la réalisation d’une socio-histoire comparée du processus d’institutionnalisation des footballs féminins anglais, allemand, norvégien, suédois, américain et français, quatre leviers et/ou freins à la féminisation du football ont pu être mis au jour : les (méga)événements sportifs ; les médias ; les politiques publiques égalitaires ; les politiques fédérales sportives. Deuxièmement, et grâce à une enquête comparative menée au sein des 99 clubs « féminin » ou intégrant une section « féminine » de la Ligue des Hauts-de-France, trois variables sont apparues comme décisives pour expliquer la féminisation (ou non) de ces associations sportives : la (non)mixité, le rôle du président.e et le rôle de l’entraîneur.e.

 

  • Quelle portée ont vos recherches ? Comment s’inscrivent-elles dans l’importante dynamique que connaît le football féminin depuis une dizaine d’années ?

Les recherches que je mène peuvent venir alimenter les réflexions déjà engagées en faveur du développement du football des femmes que ce soit au niveau (inter)national voire même régional. Par exemples, elles peuvent :

  • venir nourrir les orientations retenues par les programmes de développement de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), de l’Union des Associations Européennes de Football (UEFA) mais aussi de la Fédération Française de Football (FFF)
  • offrir des éléments de compréhension sur l’organisation du football dit féminin français, que ce soit à l’échelle nationale et/ou régionale
  • ou encore alimenter le débat pour essayer de faire évoluer la situation du football des femmes en France

 

  • Ce mois-ci, l’URN accueille « Les échappées – culture et sport » et deux événements sont consacrés au football féminin. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je suis très contente de voir notre URN accueillir deux évènements consacrés à cette thématique. Largement invisibilisée, la pratique du football des femmes reste encore, selon moi, trop méconnue du grand public. La pièce de théâtre proposée par Hortense Belhôte ainsi que notre conférence vont ainsi permettre aux joueuses de sortir de l’ombre de leurs homologues masculins, le temps d’un instant.

 

  • En quoi est-ce important de prendre part à un événement culturel quand on est enseignant-chercheur ?

Tout comme la fête de la science, je trouve que ce type d’évènement est important. En effet, si la médiation scientifique n’est pas toujours chose évidente, elle me permet toutefois de « travailler » la place de mes recherches en société. Autrement dit, en soumettant mes pratiques au débat public, je peux instaurer des échanges et permettre au public une autonomie de pensée (Hache-Bisette, 2017).