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Le patrimoine immatériel de l’URN à l’honneur

Un campus, treize laboratoires, plus de cinquante chercheurs mobilisés, et plus de cent-soixante-dix visiteurs.
Pour la première fois, l’université de Rouen Normandie a ouvert ses laboratoires au public dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine ce samedi 17 septembre 2022. Un moment d’accueil et de partage réussi, voulu à la fois par la mairie de Mont-Saint-Aignan et par l’URN et qui a été rendu possible grâce au partenariat entre les deux entités signé en 2021.

« Faire que les murs de l’université de Rouen Normandie ne soient pas perçus comme étanches, mais au contraire, qu’ils soient ouverts sur la ville ». C’est ainsi que Joël Alexandre, Président de l’URN, a évoqué les Journées Européennes du Patrimoine qui se sont déroulées pour la première fois sur le campus de Mont-Saint-Aignan. Au départ, un constat de l’Université et de la ville de Mont-Saint-Aignan qui accueille plus de 24 000 étudiants sur son territoire : l’URN est considérée comme un lieu pour les étudiants mais tout le reste est inconnu. « Nous avons eu l’idée de lancer ces portes ouvertes afin que les habitants de l’agglomération puissent avoir un autre regard sur l’Université et ce qui s’y fait », continue Joël Alexandre. « Si l’Université se veut ouverte sur la ville de Mont-Saint-Aignan, la ville de Mont-Saint-Aignan revendique encore et toujours être une ville universitaire », explique Catherine Flavigny, maire de la commune de 20 000 habitants.

Des laboratoires dans de nombreux domaines

À l’URN, les laboratoires de recherche sont divisés en trois grands champs : chimie, biologie et santé (CBS), matériaux, énergie, numérique et environnement (MENE) et humanités, culture et société (HCS). Ce samedi, chacun de ces trois grands thèmes étaient représentés par plusieurs laboratoires et les nombreux visiteurs ont pu apprécier la diversité de la recherche au sein de l’établissement. « J’ai fait des études dans le domaine scientifique et j’étais intéressée de montrer cela à mes enfants. Je trouve que c’est une super opportunité pour découvrir les locaux, rencontrer des scientifiques et voir ce qui se fait non loin de chez nous », explique Delphine, venue visiter le laboratoire GlycoMEV (Glycobiologie et Matrice Extracellulaire Végétale) en famille. Pour Nathalie, habitante de Mont-Saint-Aignan qui a visité le laboratoire du GRHis (Groupe de Recherche d’Histoire) avec son mari , c’est « la présentation de ce laboratoire sur le site de la ville qui nous a intéressés. Elle parlait de la transformation de faits historiques pour comprendre l’histoire, le quotidien, les actions politiques et géographiques actuelles ».

Chaque laboratoire était libre d’organiser et de préparer sa visite pour offrir aux visiteurs une multitude de sujets à discuter. Au GRHis, de vieilles cartes étaient mises à disposition et la cartographie 3D de la crypte de la cathédrale de Rouen a été expliqué. Au M2C (Morphodynamique Continentale et Côtière), les projets communs avec la NASA et le CNES ont été mis en avant. Au GlycoMEV, les chercheurs ont insisté sur les plantes, de leur culture jusqu’à leur étude avec des microscopes sophistiqués. Au COBRA (Chimie Organique et Bioorganique : Réactivité et Analyse), plusieurs démonstrations de spectrométrie ont été effectuées. Et tous les autres laboratoires, du CETAPS (Centre d’études des transformations des activités physiques et sportives) au DYLIS (Dynamique du langage in situ), en passant par le CBG (Cancer and Brain Genomics) ont pu mettre en avant leurs thématiques de recherche et les partager avec les visiteurs.

Un moment de partage important pour les enseignants-chercheurs

Un partage qui a été essentiel pour les chercheurs présents lors de ces Journées Européennes du Patrimoine. « Ce qui est intéressant c’est de pouvoir montrer dans quelle mesure ce que nous faisons se connecte avec des grandes préoccupations dont on entend parler dans la vie de tous les jours », explique Nicolas Massei, directeur du laboratoire M2C de Rouen. « Il peut y avoir une défiance vis-à-vis du milieu scientifique et je pense que des actions comme celle-là permettent de convaincre le grand public qu’on leur explique sans a priori, rien que par les faits, les raisons de ce qu’on peut observer dans la société comme par exemple le changement climatique », continue-t-il. Même son de cloche du côté de Jean-Claude Mollet, directeur de GlycoMEV : « Le végétal est souvent décrié, notamment avec les OGM, et c’est bien de montrer qu’on ne travaille pas forcément tous sur ce sujet dans la recherche végétale ». Au GRHis, Geraldine Vaughan, directrice adjointe du laboratoire insiste aussi bien sur le bon moment passé que sur l’importance d’un tel moment : « C’était très agréable, les gens étaient intéressés, posaient des questions. On avait un jeune de 14 ans avec sa mère et puis des adultes. Il y a notamment eu une question du public sur les usages de l’histoire. Et c’est important de dire que notre métier c’est d’interpréter, pas d’énoncer des vérités absolues. L’histoire ne doit, par exemple, pas servir un programme politique. On n’est pas au service d’une idéologie ».

Les visiteurs ont pu le faire le plein de connaissances et découvrir des laboratoires habituellement fermés au public. « Il est intéressant de montrer qu’il n’y a pas que le patrimoine immobilier, mais aussi un patrimoine immatériel, celui de la connaissance qui est produite dans nos laboratoires », conclut le président de l’université de Rouen Normandie. Et c’est bien la connaissance qui est sortie grandie de ces Journées Européennes du Patrimoine.

 

Date de publication : 19/09/22