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Rencontre avec un étudiant de l'Université

Alexis Kpade, nageur olympique

UFR STAPS

"La cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques restera gravée dans ma mémoire à tout jamais. Je me souviens de tout dans le moindre détail. À un moment Andy Murray est venu me demander un pin's. C'était lunaire."


2024, année olympique ! Comment ne pas finir cette année avec le témoignage d’un de nos étudiants qui a participé aux Jeux Olympiques ?

  • Présentez-vous !

Je m’appelle Alexis Kpade et j’ai 19 ans. Actuellement, je suis étudiant en premier année de licence à l’UFR STAPS. Je fais de la natation à haut-niveau et je suis spécialiste du dos. J’en fais depuis que j’ai quatre ans et demi, mais au début je voulais jouer au football.

 

  • Vous avez participé aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Pouvez-vous nous raconter comment vous vous êtes retrouvé sur un plot de départ de la Défense Arena ?

J’ai participé aux Jeux Olympiques pour le Bénin, car mon père est Béninois. Ma carrière avec le Bénin a commencé en 2023, avec les championnats juniors d’Afrique de l’Ouest. J’ai remporté une médaille dans toutes les nages auxquelles j’ai participé. En dos, j’ai tout gagné. Ensuite, il y a eu les championnats juniors d’Afrique où j’ai vraiment pu me révéler au sein du continent, en allant chercher une médaille de bronze et deux malheureuses quatrièmes places. Ces résultats m’ont permis de me qualifier pour les championnats du monde, séniors cette fois-ci, en février à Doha, où j’ai pu faire le 200 mètres dos. J’ai d’ailleurs établi deux nouveaux records nationaux à ce moment-là. Et cela m’a mené aux Jeux Olympiques.

 

  • Racontez-nous votre expérience olympique.

Tout ce que j’ai pu vivre et voir m’a mis des étoiles dans les yeux. Je suis arrivé au village olympique dans la nuit, donc il n’y avait pas beaucoup de monde. Mais le matin, se réveiller, aller au petit-déjeuner et croiser les frères Karabatic ou Alexandre Zverev, c’est pas mal pour une entrée en matière. Ensuite, il y eu le défilé de la cérémonie d’ouverture. C’est quelque chose qui restera gravée dans ma mémoire à tout jamais. Je me souviens de tout dans le moindre détail. À un moment Andy Murray est venu me demander un pin’s. C’était lunaire. Andy Murray qui vient me parler, c’est un truc de fou. Tout était dingue : être sur le bateau, voir qu’on passe à la télé, tous les gens autour qui vous acclament, voir les spectacles de la cérémonie. En plus avec le Bénin nous avons été chanceux, nous sommes passés avant la pluie.

Le jour de la course, cela a été quelque chose d’incroyable. Certes, je courais à l’extérieur parce que je représentais le Bénin, mais j’étais quand même un peu à domicile parce que je suis Franco-béninois, que je suis né en France et que c’est le pays dans lequel j’ai grandi. J’avais des amis et de la famille en tribune et cela me faisait plaisir de nager devant eux. Pour être honnête, pour la course, je n’ai pas ressenti énormément de pression. C’était surtout de l’excitation. J’ai tout mis en place pour réussir à faire une bonne course et cela a payé puisque j’ai à nouveau battu mon record national. Au niveau de l’ambiance dans la piscine, c’était fou. Je n’avais jamais vécu cela de ma vie. C’était comme si j’étais dans un stade de football. Les tribunes étaient tout autour de la piscine, cela change de Guy Boissière où il y a une petite tribune sur le côté avec quelques parents. Là, tout le monde criait. Je n’avais jamais vu une ambiance comme cela pour de la natation. Surtout que moi, je suis passé 10 minutes après Léon Marchand. La foule était déjà bien échauffée.

De ma course jusqu’à la fin des Jeux Olympiques, tout ce que j’ai fait, c’est profiter. Quand on est athlète, on a le droit à une place par jour pour aller voir des épreuves. J’ai donc pu voir d’autres sports. J’ai assisté à États-Unis – Brésil en basket. J’étais tout devant, c’était trop bien. Juste à côté de moi il y avait LeBron James, Kevin Durant et tous les autres joueurs. Je suis aussi allé voir de l’athlétisme et d’autres sports.

 

  • Quelles sont vos ambitions sportives pour le futur ?

Mon unique objectif, c’est Los Angeles 2028. J’aimerais y aller et faire une demi-finale. Et cela, c’est grâce aux JO. Pour être honnête, avant les Jeux, je me suis dit « je fais les JO car c’est l’objectif que je me fixe depuis que je suis gamin, et ensuite, on verra si j’ai envie de continuer ou non ». Mais au final, dès lors que j’ai touché le mur, je me suis dit « non, ce n’est pas la dernière fois que je fais ça. Je veux vivre d’autres Jeux Olympiques ».

 

  • Désormais vous êtes également étudiant en Licence STAPS à l’URN. Comment réussissez-vous à combiner sport et études ?

Je suis obligé de louper quelques cours le matin, mais sinon, cela se passe plutôt bien. Je pense que je pourrais travailler un peu plus, mais avec la fatigue des entraînements, c’est parfois un peu compliqué. J’ai le statut de sportif de haut-niveau de l’Université, ce qui me permet de louper certains TD.

 

  • Pourquoi avoir fait ce choix de la Licence STAPS ?

Je trempe dans le sport depuis que je suis tout petit. Venir en STAPS me semblait logique car c’est un cursus qui m’a toujours intéressé. Dans le futur, j’aimerais bien travailler dans le monde du sport. Mon objectif est de devenir kiné du sport dans une bonne équipe sportive. Peut-être que j’irai à l’étranger, je ne sais pas encore.

 

  • Ce n’est pas tous les jours qu’on a dans sa classe un athlète olympique. Est-ce que vos camarades et vos professeurs agissent différemment avec vous ?

Non. Je suis un athlète olympique, mais je suis aussi étudiant. Au début, cela a pu questionner quelques élèves, mais au final, cela ne change pas grand-chose. Mais j’avoue que je n’affiche pas trop le fait que j’ai participé aux JO.

 

  • Avez-vous une note en natation dans votre cursus ? Ce n’est pas trop dur ? Vous visez 25/20 ?

Ce n’est pas possible, mais sinon je l’aurais visé. Mais les cours théoriques sont très intéressants. J’y apprend quand même pas mal de choses, et techniquement, cela peut vraiment m’aider sur des aspects comme la propulsion, les résistances à l’avancement. Mais pour tout ce qui est pratique, en effet, ça va.