Eric Domingues, chargé de mission « Science avec et pour la société »

• Présentez-vous ?

Je m’appelle Éric Domingues, je suis enseignant-chercheur à l’université de Rouen Normandie. Je suis membre du laboratoire de recherche CORIA et je suis rattaché au département physique de l’UFR Sciences et techniques pour l’enseignement. Depuis plusieurs années, je suis également coordinateur du village des sciences de Rouen dans le cadre de la Fête de la science. Plus récemment, depuis mai 2024, je suis chargé de mission « Science avec et pour la société » (SAPS).

• La Fête de la science en Normandie a été lancée à Fécamp cette semaine, comment cet événement est-il organisé à l’université de Rouen Normandie ?

En effet, du 4 au 14 octobre 2024, la Fête de la science est de retour partout en France. À l’université de Rouen Normandie, elle se tiendra du 10 au 12 octobre 2024 avec le village des sciences d’Évreux dans l’enceinte de l’IUT, et sur la Métropole rouennaise, sur le campus Sciences et ingénierie du Madrillet, dans les locaux de l’UFR Sciences et techniques. Cette nouvelle édition a pour thématique Océan de savoir. L’édition 2024 va mobiliser de nombreux personnels des composantes et des laboratoires de l’Université pour les différentes animations mais également de nombreux collègues pour l’organisation. Une équipe resserrée m’accompagne au niveau de l’UFR Sciences et Techniques ainsi que des collègues de la Direction de la recherche, de la Direction de la communication, de la Direction de la culture, du service audiovisuel , notamment. Toute l’université se mobilise pour ce grand événement festif qui célèbre toutes les sciences. Chercheurs, enseignants, médiateurs culturels, bibliothécaires, bénévoles d’associations ainsi que de nombreux doctorants vont partager leurs savoirs à travers de multiples animations, conçues pour tous les types de public et tous les âges.

Depuis neuf ans, je suis chargé de coordonner toutes ces initiatives sur le campus Sciences et ingénierie avec l’appui de l’association de diffusion de la culture scientifique et technique, Science Action Normandie, pour offrir à tous les acteurs et porteurs de projets un lieu adapté à leurs animations et des conditions favorables à des échanges nombreux et variés avec le public. En plus des personnels de notre université, comme le service commun de la documentation qui propose chaque année une exposition originale en lien avec la thématique nationale, on pourra également retrouver des personnels des écoles d’ingénieurs du territoire, des associations, des institutions.

Nous nous retrouverons donc ensemble pendant trois jours afin de proposer une multitude d’animations pour le plaisir de la découverte. Une fois le programme arrêté, nous le partageons auprès de tous les publics via un site web national mais aussi localement auprès des enseignants du primaire et du secondaire qui répondent à l’appel avec intérêt et fidélité puisque chaque année plus de 2 500 scolaires visitent le village. Le samedi, plus d’un millier de visiteurs poussent également les portes par curiosité pour les sciences et la recherche. Pourtant, beaucoup de personnes ne connaissent pas encore l’existence de la Fête de la science alors qu’il s’agit d’un événement national qui existe depuis 33 ans. Le programme est très large et la thématique choisie chaque année permet d’avoir un fil rouge. Cette année, c’est donc l’occasion d’en apprendre plus sur l’océan, en lien étroit avec la troisième Conférence des Nations Unies pour l’Océan en juin 2025 qui apportera des solutions pour la protection et la conservation de l’océan et des ressources marines.

• En quoi célébrer la science vous semble-t-il essentiel ?

Les recherches au sein de nos laboratoires sont menées pour être échangées avec la communauté scientifique, mais sont également au service de toute la société. Ces découvertes ne sont pas la propriété unique des chercheurs. Elles sont un bien commun, elles appartiennent à tous. Un événement comme la Fête de la science est un excellent moment pour faire connaitre les démarches scientifiques et l’état de l’avancement des recherches sur des sujets qui concernent tout le monde. C’est prendre le temps de mettre en contact le monde des scientifiques et tous les autres acteurs de la société (grand public, jeune génération notamment avec les scolaires, collectivités, entreprises, associations…). Une occasion privilégiée pour partager et pour questionner dans tous les domaines. La science permet d’étayer des théories et de les expérimenter pour avoir des connaissances sur un grand nombre de sujets.

Dans un monde où distinguer le vrai du faux devient extrêmement compliqué pour tous, surtout avec l’avènement de certaines plateformes ou l’absence de fiabilité de l’information est souvent avérée, créer du dialogue entre des personnes d’horizons très différents permet à chacun d’avancer. Les retours et les questionnements du public participent à la réflexion du chercheur et celui-ci est également à son tour capable de donner une information fiable et étayée basée sur une démarche scientifique. Toutefois, l’idée n’est pas d’assister à un cours et de réveiller éventuellement de mauvais souvenirs d’école. Bien au contraire, c’est rendre la science accessible à tous grâce à un travail de vulgarisation scientifique. Et très souvent les curiosités s’éveillent et les échanges sur des sujets parfois complexes deviennent ludiques.

• La Fête de la science est un projet structurant dans une démarche d’ouverture et d’engagement de l’URN envers la société, y en a-t-il d’autres ?

Consciente de ses responsabilités en tant qu’établissement assurant des missions de service public, l’Université s’est engagée depuis de nombreuses années au service du dialogue science et société, notamment dans le domaine des transitions socio-écologiques. Cet engagement s’est traduit par plusieurs initiatives d’ampleur. La Journée européenne du patrimoine, avec l’ouverture des laboratoires de recherche pour le grand public, est un autre bon exemple tout comme la programmation du cycle « l’Université de toutes les cultures – UTLC ». De nombreuses unités de recherche de l’URN ont également mis en place des actions de partage des savoirs avec le plus grand nombre. « La salle des sciences », sur le campus Sciences et ingénierie, est un lieu où des enseignants-chercheurs et des doctorants font découvrir les sciences à l’aide d’expériences adaptées au public accueilli (élèves du primaire ou élèves du secondaire). Des salles sont équipées pour recevoir les scolaires et des laboratoires à la pointe de la recherche sont ouverts aux élèves du secondaire. À travers ce dispositif, la découverte, l’expérimentation scientifique et le monde de la recherche sont à la portée des jeunes publics. Le parrainage « Un chercheur, un enseignant, une classe » consiste pour sa part à organiser des visites régulières entre un chercheur et une classe de 2nde, de 1ère ou de terminale, à la fois au lycée et à l’université, afin de faire découvrir aux élèves le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche, les formations scientifiques délivrées à l’université et les métiers auxquels elles peuvent conduire. Avec des objectifs communs mais, d’avantage tournées vers les établissements scolaires en zone rurale, « Les Cordées de la réussite » marque également l’implication de l’établissement en faveur du dialogue science et société. L’université de Rouen Normandie compte treize cordées portées par six composantes pour le moment. Avec ce dispositif, l’objectif est d’introduire une plus grande équité sociale dans l’accès aux formations de l’enseignement supérieur. Le but est de lutter contre l’autocensure des élèves par un accompagnement continu dès la classe de 4e, jusqu’au baccalauréat.

Nous le constatons à travers ces quelques exemples, les actions à destination de la société sont riches et variées. Afin qu’elles soient davantage formalisées, structurées, développées et pour que de nouvelles initiatives puissent voir le jour, l’université de Rouen Normandie s’est justement dotée d’une feuille de route stratégique « Science avec et pour la société (SAPS) » en février 2024.

• Dans ce cadre, vous avez accepté de devenir chargé de mission « Science avec et pour la société », comment définir cette nouvelle mission ?

Je suis vraiment heureux de pouvoir contribuer à ce type d’actions depuis de nombreuses années. C’est une thématique qui me tient à cœur et pouvoir travailler collectivement avec tous les collègues pour renforcer toutes ces démarches est un projet vraiment enthousiasmant. Comme nous avons pu le voir, de nombreuses actions portées par de nombreux collègues fonctionnent déjà très bien. Nous allons réaliser une cartographie de l’existant et articuler notre action autour de quatre « ambitions » : structurer les actions, renforcer et développer celles existantes, favoriser et soutenir les initiatives innovantes, renforcer la communication sur la recherche et les actions. Concrètement, un comité de pilotage SAPS au sein duquel je siégerai aux côtés de membres de notre communauté universitaire et également des nombreux partenaires du territoire, pourra décider de groupes de travail thématiques afin d’associer chacun aux choix et aux actions. La démarche sera concertée. J’ai hâte de pouvoir échanger avec chacun pour développer les synergies.