Ghislain Laloup, chef de projets
Service d'Accompagnement à la Pédagogie, à l'Hybridation, à l'Innovation pour la Réussite Étudiante (SAPHIRE)
"Je suis un pur produit de l'université de Rouen Normandie où j'ai fait mes études et qui m'a donné cette passion pour la pédagogie. Pour moi, il y a beaucoup de choses qui sont bien faites à l’URN et il faut juste aider à les mettre en valeur. C'est comme cela que je vois le métier d'ingénieur pédagogique."
- Présentez-vous, quel est votre rôle au sein de l’université de Rouen Normandie ?
Je m’appelle Ghislain Laloup, chef de projets au SAPHIRE (Service d’Accompagnement à la Pédagogie, à l’Hybridation, à l’Innovation pour la Réussite Étudiante) à l’université de Rouen Normandie. Je pilote actuellement le projet NCU (Nouveaux Cursus à l’Université) qui s’appelle « Réussites Plurielles ». C’est un projet à l’échelle des trois établissements normands : Caen, Rouen et Le Havre porté par Normandie Universités. L’objectif est de transformer la pédagogie universitaire. On s’intéresse aux licences générales et on essaie de leur donner plusieurs modalités de personnalisation de leurs parcours étudiants, dans le contenu de formation notamment. Cette année, par exemple, on a mis en place les UE (Unités d’Enseignement) personnalisés en licence 1. L’idée c’est aussi de pouvoir proposer une offre de formation qui soit en comodalité, c’est-à-dire à la fois en présentiel et en distanciel, ce qui permettra à l’étudiant de pouvoir suivre ses enseignements au rythme de ses obligations, de ses envies, etc. Le dernier niveau de personnalisation, c’est la possibilité de réussir sa licence en plusieurs années. C’est à dire que pour ceux qui ont des difficultés, de passer une première année de licence en deux ans, et donc une licence générale en quatre ans. Et pour ceux qui ont des facilités, de la passer de manière un peu plus rapide pour soit sortir et s’insérer plus rapidement dans la vie professionnelle, ou au contraire pouvoir faire un stage long ou partir en Erasmus. Voilà les trois niveaux de personnalisation sur lesquels on travaille. À côté de ça et dans le cadre des ARE, les accompagnements à la réussite étudiante, l’établissement met en place des dispositifs de remédiation avec des cours supplémentaires ou des séances de tutorat pour remettre à niveau l’étudiant.
L’idée de mon poste est d’accompagner le changement à travers un certain nombre d’activités, d’actions, de professionnalisations, à la fois des enseignants, des étudiants et des personnels de l’Université. On accompagne les équipes pédagogiques sur l’approche par compétences. L’approche par compétences, qu’est-ce que c’est ? C’est la mise en place de situations d’apprentissage et d’évaluation pour permettre à l’étudiant de comprendre quelles compétences il détient à l’issue de sa formation.
Le deuxième projet sur lequel je travaille s’appelle « Résiliences Plurielles ». L’idée c’est d’accompagner les équipes pédagogiques qui souhaitent concevoir ou transformer leurs formations de manière hybride ou comodale. On les accompagne sur l’instrumentation de leur formation. On a constitué une équipe d’accompagnement composée d’un ingénieur pédagogique, d’une assistante de médiatisation et d’une technicienne audiovisuel qui viennent en support de l’équipe pédagogique pour transformer ou concevoir une formation et qu’elle puisse ensuite être autonome dans la manière d’animer celle-ci à distance.
- Quelle est la genèse du projet « Réussites plurielles » ?
Les universités de Caen, Rouen et Le Havre ont répondu en commun à un appel à projets en 2018 et ils ont obtenu le financement en 2019. Ce projet a donc officiellement commencé à cette date et se terminera le 31 août 2028. D’ici là, il y a un certain nombre de jalons et d’actions à mettre en place pour opérer la transformation que j’évoquais précédemment.
- C’est un projet très vaste, avec plusieurs objectifs. Comment réussit-on à tout structurer ?
C’est très compliqué. C’est un projet qui est très proche de la politique d’établissement. Ce que j’ai tendance à essayer de faire, c’est de m’emparer complètement d’une thématique. Si ce n’est pas moi qui m’en empare, c’est un agent qui est recruté sur ce sujet. C’est l’exemple du tutorat, des contrats pédagogiques ou de l’approche par compétences. J’ai la chance de pouvoir avoir un budget pour recruter un certain nombre d’agents. Je compte aussi beaucoup sur la participation, la collaboration et l’expertise des services de l’Université. Il faut pouvoir compter sur ceux qui ont envie de transformer l’Université, donc à la fois les équipes pédagogiques qui ont des envies et qui se retrouvent dans les actions que l’on porte, mais surtout les services supports qui pour le coup font un travail extraordinaire. Donc finalement, mon rôle de chef de projet est plutôt de faire de la coordination, d’écouter et d’essayer de comprendre où sont les enjeux, les problématiques et comment on trouve des solutions à tout cela.
C’est la huitième année que je travaille à l’université de Rouen Normandie. Je suis un pur produit de cette Université où j’ai fait mes études et qui m’a donné cette passion pour la pédagogie. J’ai ensuite été au contact des équipes pédagogiques pendant cinq ans, en sciences de l’éducation particulièrement, mais aussi en sciences humaines et sociales en général. Pour moi, il y a beaucoup de choses qui sont bien faites à l’URN et il faut juste aider à les mettre en valeur. C’est comme cela que je vois le métier d’ingénieur pédagogique.
- Pouvez-vous nous donner un exemple clair de ce qu’est l’hybridation des formations ?
Dans le jargon de l’ingénierie pédagogique, une formation peut être en présentiel, ce que tout le monde a, plus ou moins, l’habitude de connaître. Elle peut être en distanciel, c’est-à-dire que l’ensemble des séquences pédagogiques sont conçues à distance. Ou alors, elle est hybride : une partie des enseignements sont en présentiel, une partie des enseignements sont en distanciel. On peut avoir des dispositifs comodaux : du présentiel, du distanciel, et c’est l’étudiant qui choisit la modalité d’enseignement qu’il souhaite. On peut avoir ce qu’on appelle le présentiel enrichi, c’est-à-dire qu’on fait son cours en présentiel, puis on transmet un certain nombre de ressources, d’activités pédagogiques en distanciel pour améliorer l’apprentissage de l’étudiant. Ce n’est pas toujours habituel pour les équipes pédagogiques, ce qui demande une grosse conception. Et c’est donc cette conception qu’on accompagne. On part du besoin pour aller jusqu’à la livraison et offrir à l’enseignant la capacité d’animer son dispositif de formation à distance. On l’aide à concevoir, à gérer le projet, on lui donne des formations et on va même jusqu’à l’évaluation du dispositif.
- À titre personnel, quel plaisir prend-on à développer un tel projet ?
On contribue à ce que deviendra peut-être l’Université de demain. Donc c’est un plaisir personnel de contribuer à cela. Moi ce que j’apprécie particulièrement faire, c’est d’essayer d’écouter quel est le besoin du terrain. Je ne me permettrai jamais de dire à l’enseignant comment il doit enseigner, ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Par contre s’il a un besoin, je peux l’accompagner dans la manière dont il veut réaliser son objectif. C’est un métier d’accompagnement et je prends beaucoup de plaisir à cela : écouter, analyser un besoin et aller jusqu’à la livraison d’un produit fini. Quand je regarde les différents axes sur lesquels on a un petit peu avancé, à savoir le tutorat, l’hybridation, ou les contrats pédagogiques, on voit que notre travail porte ses fruits. On fait tout ça pour les réussites des étudiants. C’est le cap que l’on garde en tête.