Lucas Meyer, étudiant en mobilité sortante
Étudiant en Erasmus+ à Nuuk (Groenland)
" J’ai un peu creusé les destinations qui étaient proposées et j’ai vu en fin de liste qu’il y avait le Groenland. Je me suis dit pourquoi pas, cela me paraissait assez insolite. J’ai mis Nuuk en premier choix et j’ai été accepté. C’est à partir de là que j’ai commencé à faire pas mal de recherche sur le Groenland. Je savais juste que c’était une grande île perdue entre le cercle polaire et l’Atlantique."
- Bonjour Lucas, pouvez-vous présenter ?
Je m’appelle Lucas Meyer, j’ai tout juste 20 ans et je suis en L3 Humanités à l’université de Rouen Normandie. J’ai choisi le parcours monde contemporain avec option sciences politiques, notamment parce que je savais qu’Erasmus était compris dedans. Dans le futur, j’aimerais me spécialiser et m’orienter vers le journalisme, et plutôt celui d’investigation si j’y parviens. C’est mon but actuellement.
- Pourquoi avez-vous décidé de partir étudier à l’étranger ? Quelles étaient vos motivations ?
Je voulais vraiment partir à l’étranger, cela a toujours été dans mes perspectives d’études. Je voulais également y aller pour progresser en anglais. Je n’avais pas un niveau qui était catastrophique, mais je savais que c’était le bon moyen et la bonne occasion pour parler de plus en plus anglais avec les gens qui allaient m’entourer. Par ailleurs, je souhaitais découvrir des choses que je ne connaissais pas, ce qui d’ailleurs va avec le choix de la destination. Je voulais vraiment découvrir une façon de vivre un peu différente, des paysages et un cadre de vie totalement nouveaux. Et je pense que je suis gâté pour cela à Nuuk. La dernière raison de ce départ en Erasmus, c’est que je voulais m’extirper un peu de mon monde, de mes habitudes françaises.
- Pourquoi avoir choisi Nuuk, une destination pour le moins insolite ?
C’est une question qu’on m’a beaucoup posée. Au départ, ce n’était pas du tout mon premier choix. Quand je me suis renseigné il y a trois ans à propos de la licence Humanités, j’ai vu que parmi les destinations, il y avait l’Irlande. Moi, j’ai toujours voulu aller en Irlande. Sauf qu’arrivé en L2, on m’a indiqué qu’il n’y avait plus de partenariat entre l’Irlande et l’université de Rouen Normandie. J’ai dû trouver autre chose, j’ai un peu creusé les destinations qui étaient proposées et j’ai vu en fin de liste qu’il y avait le Groenland. Je me suis dit pourquoi pas, cela me paraissait assez insolite. Et puis, à part la Croatie, les autres destinations ne m’intéressaient pas plus que ça. J’ai mis Nuuk en premier choix et j’ai été accepté. C’est à partir de là que j’ai commencé à faire pas mal de recherche sur le Groenland. Je savais juste que c’était une grande île perdue entre le cercle polaire et l’Atlantique. D’ailleurs en parlant de destination insolite, on n’est pas beaucoup d’étudiants en échange. Douze au total dont cinq Français. Il y a une autre étudiante qui vient de Mont-Saint-Aignan, deux étudiantes qui viennent de Sciences-Po Rennes et un étudiant qui vient de l’université de Versailles. Après, il y a également des Danois, il y a une Japonaise, une Finlandaise, une Islandaise et une Allemande. C’est assez cosmopolite.
- Comment s’est passée l’arrivée là-bas ?
J’ai la chance d’être hébergé par une famille locale qui est groenlandaise. Ils sont venus me chercher à l’aéroport et ils m’ont très vite intégré dans leur vie. Ce qui fait que j’ai été instantanément en contact avec la vie groenlandaise, avec les traditions. Le premier soir, ils m’ont servi à manger du renne, j’ai tout de suite compris où j’étais. C’était très agréable. Mais c’était quand même dépaysant. Dès qu’on arrive à l’aéroport, d’ailleurs c’est plus un aérodrome, on s’en rend compte. Il n’y a pas de trottoirs, ce n’est pas le même type de voiture aussi, forcément quand on vit au Groenland, on n’a pas une Twingo, ce sont plus des gros 4×4 avec des chaînes.
- Au niveau universitaire, comment cela se passe ? Quels cours suivez-vous ? Dans quelles conditions ?
Je suis tous les cours qui sont proposés en anglais sauf un. Ce sont des cours qui ressemblent à ceux que je suis en France. J’ai un cours d’histoire postcoloniale, un de microsociologie, un cours sur l’anglais dans le monde et le dernier est sur l’histoire du monde. On a toujours été très accompagnés par l’université de Nuuk. Les étudiants Erasmus sont un peu considérés comme les rois ici. Ils sont très attentionnés avec nous, c’est super agréable. Et puis c’est drôle, il n’y a pas d’amphithéâtre. Il y a un auditorium, mais il doit faire 30 places. Il y a 13 salles de cours, ça ressemble plus à un petit lycée.
- Pouvez-vous nous raconter l’une de vos journées types. Parlez-nous de la vie sur place.
Les cours, en général ont lieu le matin, ce qui est assez confortable. Le midi, soit je reste manger à l’université avec mes autres collègues Erasmus, soit je rentre à la maison manger les restes du repas du soir, c’est à dire du renne ou de la baleine. L’après-midi, ça dépend. J’ai fait des sorties dans le fjord en bateau. Je donne des cours d’initiation au français dans un collège. Je fais beaucoup de photographies. J’ai aussi pris des cours d’escalade et j’ai commencé le tricot, parce qu’ici c’est traditionnel. J’ai également deux montagnes en face de chez moi, donc régulièrement on y fait des randonnées avec mes amis. Ce que j’ai aussi fait plusieurs fois, c’est ce qu’on va appeler du bain nordique. On se baigne dans la mer alors qu’elle est en ce moment à -4° ou -5°. C’est à faire je pense, mais ce n’est pas forcément le plus agréable, surtout quand on voit qu’il y a des morceaux de glace qui flottent à la surface. Ici, on voit plein de choses différentes. En France, les enfants ont des trottinettes, ici ils ont des luges.
- Vous n’en avez pas encore terminé, mais quels bénéfices allez-vous tirer de cette expérience ?
La première chose à laquelle je pense, c’est ma progression en anglais. Avec ma famille d’accueil, je parle tous les jours en anglais. Les cours sont en anglais. Dans la vie quotidienne, je m’exprime en anglais. Cela m’a aussi apporté un regard neuf sur un type de culture que je ne connaissais pas du tout, qui est la culture inuite. J’avais des idées préconçues sur ce que ça pouvait être, mais elles n’étaient vraiment pas justes. Cela m’a aussi apporté une première expérience d’enseignement puisque c’était la première fois que je donnais des cours. Cela m’a fait grandir parce que je suis relativement jeune. C’était la première fois que je partais très loin de ma famille. Jusqu’à présent, j’avais toujours vécu chez mes parents. C’est une des clés du voyage Erasmus. C’est un moment où on se retrouve seul -même si ce n’est pas vrai parce que on rencontre beaucoup de gens, on se fait des amis qui sont comme nous en situation de séjour à l’étranger- mais c’est un moment on se retrouve vraiment loin de tout ce qu’on connaît. Loin de nos habitudes, loin de nos proches.
- Conseillez-vous aux autres étudiants de partir étudier à l’étranger ?
Je le conseille vraiment parce que c’est une très bonne occasion pour voir autre chose, pour acquérir de l’expérience dans plusieurs domaines. Même si ça peut parfois paraître dur, notamment la phase de préparation avec la recherche pour un appartement, les inscriptions pour les cours, pour les bourses, une fois que c’est fait, cela rend fier. Je suis très content de justement avoir fait tout cela pour pouvoir être ici aujourd’hui. Au final ça ne m’apporte que du positif. Je ne peux même pas vous souligner un point négatif de mon voyage Erasmus.
- Ne redoutez-vous pas le retour à Rouen ?
Redouter, je ne sais pas. Je pense que cela va me faire bizarre de partir après cinq mois à Nuuk, de quitter un peu mon train de vie ici et mes habitudes. Mais je pense que je vais vite me réacclimater, sans mauvais jeu de mots, à ma vie rouennaise.